Page:Flavius Josephe - Leon Blum - Contre Apion, Leroux, Paris, 1902.djvu/27

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connus eux-mêmes et firent connaître les Égyptiens et tous ceux dont ils transportaient les marchandises chez les Grecs à travers des mers immenses. [64]. Ensuite les Mèdes et les Perses révélèrent leur existence par la conquête de l’Asie, ces derniers mieux encore par leur expédition jusqu’à l’autre continent. Les Thraces furent connus grâce à leur proximité, les Scythes par les navigateurs du Pont-Euxin. [65]. Bref, tous les peuples riverains de la mer, tant à l’orient qu’à l’occident, se firent plus facilement connaître aux auteurs qui voulurent écrire l’histoire, mais ceux qui habitaient plus haut dans les terres restèrent la plupart du temps ignorés. [66]. Nous voyons que le fait s’est produit même en Europe, puisque Rome, qui depuis longtemps avait acquis une telle puissance et dont les armes étaient si heureuses, n’est mentionnée ni par Hérodote ni par Thucydide, ni par un seul de leurs contemporains ; ce fut longtemps après et avec peine que la connaissance en parvint chez les Grecs. [67]. Sur les Gaulois et les Ibères telle était l’ignorance des historiens considérés comme les plus exacts, parmi lesquels on compte Ephore, que, dans sa pensée, les Ibères forment une seule cité, eux qui occupent une si grande portion de l’Occident ; et ils ont osé décrire et attribuer à ces peuples des mœurs qui ne correspondent ni à des faits ni à des on-dit. [68]. S’ils ignorent la vérité, c’est qu’on n’avait point du tout de relations avec ces peuples ; mais s’ils écrivent des erreurs, c’est qu’ils veulent paraître en savoir plus long que les autres. Convenait-il donc de s’étonner encore si notre peuple aussi ne fut pas connu beaucoup d’auteurs et n’a pas fourni aux historiens l’occasion de le mentionner, établi ainsi loin de la mer et ayant choisi pareil genre de vie ?


XIII

Mais les peuples voisins témoignent de notre antiquité.


[69] Supposez que nous voulions, pour prouver que la race des Grecs n’est pas ancienne, alléguer que nos annales n’ont point parlé d’eux,