Page:Fleischmann - Le Roi de Rome et les femmes, 1910.djvu/124

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devant une volonté calme et forte. Vous trouverez mille moyens de me parler, que, seule, je ne puis embrasser. Vous ne pouvez avoir d’espoir qu’en vous. Que l’idée de vous confier à quelqu’un ne se présente pas même à votre esprit. Sachez que si je demandais à vous voir, même devant cent témoins, ma demande serait refusée, — que vous êtes mort pour tout ce qui est français ou de votre famille. Au nom des horribles tourments auxquels les rois de l’Europe ont condamné votre père, en pensant à cette agonie de banni, par laquelle ils lui ont fait expier le crime d’avoir été trop généreux envers eux, songez que vous êtes son fils, que ses regards mourants se sont arrêtés sur votre image ; pénétrez-vous de tant d’horreur et ne leur imposez d’autre supplice que celui de vous voir assis sur le trône de France. Profitez de ce moment, prince. J’ai peut-être trop dit : mon sort est entre vos mains, et je puis vous dire que si vous vous servez de mes lettres pour me perdre, l’idée de votre lâcheté me fera plus souffrir que tout ce qu’on pourrait me faire. L’homme qui vous remettra cette lettre se chargera de votre réponse. Si vous avez de l’honneur, vous ne m’en refuserez pas une.

Napoléone C. Camerata[1].

Cette lettre, au ton si noblement français et napoléonien, plongea le duc dans « une vive surexcitation ».

  1. Comte de Prokesch-Osten, Mes relations avec le duc de Reichstadt… ; déjà cit., pp. 53,54,55. — Sur cette aventure de Camerata, voyez le récit détaillé donné par Prokesch, p. 56 à 63. La relation donnée par M. de Montbel, lui a été dictée par Prokesch lui-même.