Page:Fleischmann - Le Roi de Rome et les femmes, 1910.djvu/30

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les tendresses inutiles. L’amour est borné à la passivité chez la femme, passivité qui n’exclut ni l’ardeur ni la passion. Pour son plaisir, l’homme choisit son heure, et sa volonté seule en décide. Sur le cœur de Napoléon, l’amour n’a point d’autre prise. Sans doute, au début de son mariage avec Joséphine, il n’est pas d’amant qui l’égale en fougue bondissante et dévorante, mais c’est qu’alors il en était à sa première passion, et quelle passion ! Son heure d’ivresse et d’ardeur passée, il commande à son cœur comme à ses sens, et ses heures d’amour se chiffrent au nombre de ses passades. Ses maîtresses il les prend pour une heure. S’il n’était que général, la liaison durerait un an. Il est empereur, et elle ne dure qu’un mois, et encore ! Point de « scènes » relevant de la comédie ou du drame de l’amour ; il répugne à ces spectacles de la pudeur vaine qui se défend pour ne céder qu’à des supplications. Comédie ! comédie ! Son temps est précieux. Il est corse. Rien de pareil pour son fils.

Naissance, milieu, éducation, tout diffère pour le Roi de Rome de ce qui fut l’atmosphère de jeunesse de Napoléon. Il naît, comme dominé déjà, dirait-on, par la volonté corse. Qu’est-ce d’autre que cet article VII du sénatus-consulte du 17 février 1810, promulgué plus d’un an avant la naissance de l’enfant : « Le prince impérial porte le titre et reçoit les honneurs de Roi de Rome » ? La volonté paternelle a, en quelque sorte décrété cette naissance. Pour elle on ressuscitera le cérémonial de l’ancienne France, on compulsera l’étiquette des monarchies périmées, et ce qui sera proposé