Page:Fleischmann - Le Roi de Rome et les femmes, 1910.djvu/323

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C’était hier qu’à Paris, sans gardes, sans défense,
Il conviait le peuple aux jeux de son enfance ;
Et le peuple, attentif aux mots qu’il épelait,
Souriait à sa bouche encore blanche de lait.
D’autres fois, agitant une soyeuse rêne,
Sur la terrasse unie où se mire la Seine
Il guidait de ses mains, dans la tiède saison,
Deux paisibles coursiers à la blanche toison,
Dans le temps que son père entraînant dix armées,
Écrasait sous son char les villes consumées.

Hélas ! tout fut détruit : le faible avec le fort ;
Dans son mortier de fer, l’inexorable sort,
Sous un marteau d’airain pila comme du verre
Et le jouet d’enfant et le char de guerre ;
Et dans ce jour suprême où les rois, sur Paris
Débordaient des soldats de leur gloire surpris,
Quand pour chercher au loin une ville meilleure,
Il lui fallut quitter la royale demeure,
Ô prodige inouï ! l’orphelin bégayant
Sembla prophétiser un oracle effrayant ;
Pour la première fois, indocile et farouche,
De longs vagissemens s’échappaient de sa bouche,
Et, comme épouvanté de ses futurs destins,
Il serrait Montesquiou de ses bras enfantins.

Eh bien ! longtemps meurtri par ce précoce orage,
Il a crû, toutefois, en stature, en courage ;