Page:Fleischmann - Le Roi de Rome et les femmes, 1910.djvu/377

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France ? Les Bourbons sont chassés ; la branche cadette chancelle sur le trône ; montrez-vous, c’est assez de votre nom.|90}}
Je tremblai de saisissement ; un frisson de gloire parcourut mes veines... tout à coup un léger bruit se fit entendre. Pierre leva la tête avec fierté, sa main semblait chercher une arme absente.
─ Sire, dit-il enfin, dans huit jours, à minuit, à la même place, je retrouverai le fils de Napoléon, ou je dirai adieu à un archiduc d’Autriche.
C’en était trop, la fièvre m’a repris le même soir... je veux tout vous dire, car vous m’approuverez ou vous m’excuserez... ma misérable nature me fait défaut maintenant que ma résolution est prise ; la fatalité est sur moi : le sacrifice de mon père sera complet.
Je serais mort plutôt mille fois que de manquer au rendez-vous : je dis au médecin que je me sentais mieux, et qu’une promenade à cheval me ferait du bien. Je rentrai tard à Schoënbrunn après avoir distancé mes gens. On me croyait rentré. Je m’enfonçai dans le parc.
Minuit sonnait ; oubliant ma faiblesse, j’enfonçai l’éperon dans le flanc de mon cheval, et le dernier coup de l’horloge retentissait lorsque j’arrivai au lieu indiqué.
{{taille|D’abord je ne vis personne ; la lune qui paraissait par intervalles, projetait l’ombre des massifs dans les allées, et changeait tellement l’aspect du parc que j’avais peine à me reconnaître. Un doute involontaire traversa mon esprit... Enfin, au détour d’une allée, j’aperçus un homme armé portant l’uniforme des grenadiers de la vieille garde[1]. Il me fit le salut militaire avec l’allure d’un

  1. On sait que M. Edmond Rostand a mis ce détail à profit dans son drame L’Aiglon.