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Page:Fleischmann - Le Roi de Rome et les femmes, 1910.djvu/68

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mais une prétention de stoïcisme et de haute raison l’aurait pendant longtemps mis en garde contre l’ascendant des femmes[1] ». Qu’est-ce cela, sinon une hypothèse de Marmont, et rien de plus ? Ce « plus tard » n’est point arrivé pour le captif, et ce n’est point sur ce qu’il aurait pu faire qu’il convient de le juger, mais bien sur ce qu’il a fait.

Or, de l’impression ressentie par le duc de ce contact avec un monde inconnu, Prokesch nous apporte une vision qui, psychologiquement, n’est pas contestable. « Il me raconta avec une noble candeur comment, de toutes les femmes qu’il avait rencontrées dans le monde, aucune n’avait fixé son attention au-delà d’une journée, aucune n’avait touché son cœur ni même parlé à son imagination juvénile. La nature s’éveillait chez ce jeune homme de vingt ans. Il me parlait souvent de ses impressions avec le ton de la plus pure innocence. Jamais il ne se serait exprimé avec cette franchise s’il eût été dans des rapports plus intimes avec le beau sexe. Il se serait trahi par son embarras ; mais il était de mœurs vraiment honnêtes. Le sang de la jeunesse bouillait dans ses

  1. Mémoires du maréchal Marmont, duc de Raguse, de 1792 à 1841 ; imprimés sur le manuscrit original de l’auteur ; Paris, 1857, in-8°, tome VIII, p. 405.