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Page:Flers - L’Habit vert, 1913.djvu/186

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appeler à vous une personnalité représentative de toute une classe sociale. Oui, messieurs, je le proclame avec un piquant mélange de modestie et de fierté, ce que vous avez élu en moi, c’est l’homme du monde !

« Qu’est-ce qu’un homme du monde ? (Petit frémissement dans le public.) Que représentent ces deux mots : homme et monde, qui, considérés séparément, n’offrent aucun intérêt et qui prennent tant de profondeur et de noblesse lorsqu’ils s’associent dans cette expression : un homme du monde ?

« L’homme du monde, messieurs, c’est l’être choisi, formé lentement, par le travail des siècles. Les âges préhistoriques l’ignorent. En fouillant les terrains quaternaires, les savants ont pu retrouver des fragments de mammouths et d’aurochs. Mais aucun fragment d’homme du monde. Il n’apparaît que dans les civilisations raffinées. Alors il se nomme Alcibiade dans Athènes, il s’appelle Pétrone dans Rome. Mais les invasions barbares le submergent et c’est justement parce qu’il a disparu qu’elles sont barbares. Imaginez, messieurs, ce qu’eût