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mon sillon.


VI


René à Mélite
Paris.

À quoi pense René ? Évidemment, ma chère Mélite, voilà la question que tes lèvres et celles de tante Marie ont dix fois formulée, et que Tack a peut-être formulée aussi dans son bon cœur d’animal. J’ai été un peu paresseux, ma sœur, c’est vrai, mais je l’ai été sciemment. J’entrevoyais l’aurore d’une bonne nouvelle à t’annoncer, et quand on se parle intimement, comment dissimuler une préoccupation ?

C’est impossible, et j’ai, sans balancer, prolongé à dessein mon silence. Mon espérance ne s’est pas pleinement réalisée. On marche si vite dans les sentiers de l’imagination qu’il est difficile de ne pas se heurter à la déception, quand, au sortir de ces fantastiques chemins, on reprend pied dans la vie réelle.