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Page:Fleuriot - Mon sillon.djvu/143

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mon sillon.

Cependant, il me semble que je suis hors de mon épouvantable solitude depuis qu’une main cordiale a serré ma main. Il me semble que le but que je poursuis est sorti du vague, de l’indéfini de mes spéculations personnelles, qu’il va prendre une forme arrêtée et que je ne marcherai plus au hasard dans ces ténèbres qui allaient s’épaississant de manière à étouffer une à une toutes les illusions caressées depuis si longtemps, hélas !

Mais pourquoi me perdre dans ces raisonnements, quand ton intérêt est excité, que ta curiosité de fille d’Ève est bien éveillée. Il vaut mieux te raconter simplement mon entrée dans la maison de M. l’ingénieur Brastard. Tu le sais, j’ai toujours compté sur cet homme distingué, né natif de Damper, comme dit notre chanson, parmi mes appuis parisiens, ces frêles appuis que la seule pression de ma rude main bretonne a fait ployer, et depuis notre première rencontre, je m’entretenais dans l’espoir d’arriver à être, sinon protégé par lui, au moins quelque peu connu. Je me suis donc présenté chez lui de nouveau. Il sortait. J’ai été obligé de décliner mon nom. Il avait déjà oublié ma figure. Ceci