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Page:Fleuriot - Mon sillon.djvu/144

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mon sillon.

scandalise ma petite sœur qui trouve son frère tout à fait digne d’être remarqué, mais il passe tant et tant de figures dans la lanterne magique parisienne, qu’il n’y a pas de quoi se formaliser, je t’assure.

Je ressemblerais au beau Tristan des ballades que personne ici n’y ferai ! longtemps attention.

Donc, il m’avait oublié, mais il s’en est excusé avec beaucoup d’amabilité. Seulement, comme il était pressé, il ne pouvait me recevoir et il m’a quitté en me jetant cette invitation : Venez mardi soir, nous causerons. Son ton, son regard étaient encourageants, cette simple marque de bienveillance m’a donné un coup de fouet, et j’ai secoué bien vite l’engourdissement moral qui me gagnait un peu.

J’ai moins flâné, plus travaillé, et hier, vêtu à tout hasard de mes plus beaux habits, je me suis dirigé vers le no 156 de la rue Saint-Honoré. Bien m’en avait pris d’avoir mis mes souliers fins, ma cravate parisienne, et de m’être ganté de frais, car j’ai été introduit, non pas dans un cabinet d’affaires, mais dans un charmant salon tout bleu où se trouvaient les trois filles de M. Brastard, trois gazelles, trois femmes char-