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Page:Fleuriot - Mon sillon.djvu/180

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mon sillon.

que donne une veille prolongée. J’ai ôté mon chapeau par respect en mettant le pied dans le royaume silencieux des morts et je suis resté découvert plutôt par habitude que par impression.

Nos cimetières rustiques, peuplés de croix et de tombes, produisent un tout autre effet que cette ville mortuaire qui a ses monuments, ses rues, ses jardins. La vue est superbe, et comme on est sûr que cette terre ne recouvre aucun des êtres éternellement regrettés qui font désormais d’un cimetière le plus auguste des sanctuaires, on commence une promenade sérieuse, mais enfin une promenade. Ce sol est tout imprégné de poussières illustres, des gens dont le nom a été retentissant ont caché là leur néant, et il est intéressant de parcourir sans guide, à tout hasard, les allées et les sentiers du funèbre enclos. Je dis sans guides, car les guides sont de braves soldats retraités qui vous conduisent immanquablement devant toutes les tombes des maréchaux de l’empire, ils ne connaissent pas d’autres illustrations que celles du canon. Je les ai cherchées toutes, surtout celles qu’on peut appeler les illustrations du cœur. Pour toi, ma