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Page:Fleuriot - Mon sillon.djvu/209

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mon sillon.

palais de Médicis, au Luxembourg. J’ai trouvé là Flandrin, Horace Vernet, Eugène Delacroix avec sa barque de Dante et son fameux massacre de Scio. Quelle toile émouvante ! En regardant les familles grecques du premier plan, je sentais la colère m’envahir, et toi, Mélite, tu aurais pleuré. Oui, tu aurais certainement pleuré devant ce pauvre enfant avide, devant cette vieille femme dont l’œil rouge, éraillé, reste sec et sur la figure atterrée, implacable de laquelle on dirait que le délire de la démence va éclater, devant ce jeune Grec qui, on peut le dire, sourit à la Mort, la vie s’échappant à flots avec le sang de ses plaies. J’ai admiré la Mort de César, par M. Court, le farouche Marius sur les ruines de Carthage, des scènes rustiques ensoleillées par Jules Breton, le Larmoyeur d’Ary Seheffer, une jolie Pandore de M. de Curzon et bien d’autres merveilles. Mais je suis seul à flâner par ces merveilleuses galeries, et mon intérêt, d’abord très-vivement excité, finit toujours par s’alanguir. Dans ma dernière visite, je me suis rencontré avec un autre exilé, avec un jeune soldat qui restait planté devant le magnifique attelage de bœufs de Rosa Bonheur. Sans s’en apercevoir il