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Page:Fleuriot - Mon sillon.djvu/210

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mon sillon.

poussait de gros soupirs devant cette toile qui fait illusion. Ce ciel pur, cette terre fraîchement remuée, ces prés si verts, ces animaux vivants lui rappelaient évidemment son passé.

Peut-être portait-il le costume rustique du paysan qui lève son aiguillon avant de revêtir, de par la loi, la veste bleue aux brandebourgs blancs. J’ai salué d’un regard sympathique le brave garçon qui ne voyait que ses bœufs.

En sortant du Luxembourg, je me suis promené quelque temps dans le jardin, et j’y ai été heurté par M. de Raubond. Il m’a pris le bras et m’a emmené dîner au Palais-Royal. Pendant qu’il approfondissait les mystères de la carte du jour, je regardais l’entourage du palais, la gerbe d’eau qui retombait en pluie de perles, les mille promeneurs qui se croisaient dans le jardin. Une exclamation a interrompu le cours de mes réflexions. « Elles sont fraîches ! » criait une voix. Je me suis détourné vivement. Mon gastronome buvait avec recueillement dans une coquille d’huître. Il m’a fait signe de l’imiter, et nous avons commencé notre dîner en silence. Pour moi, je ne m’étonnais que d’une chose, c’était de trouver l’amère saveur de l’eau de