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Page:Fleuriot - Mon sillon.djvu/237

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mon sillon.

Je ne sais pas trop comment j’aurais joui de la mer sans elles. Mon oncle Jérôme avait commencé par avoir une très-bonne voiture et un très-bon cheval. Puis, à peine arrivé à Damper-Coat, il avait reconnu que l’église avait besoin de vitraux, et la voiture et le cheval avaient été vendus et remplacés par le vieux cabriolet qui nous faisait rire et la vieille Rossinante qui nous faisait pitié. Cela n’allait guère, mais c’était quelque chose. L’an dernier, le pain étant très-cher, voiture et cheval ont disparu ; mon bon oncle a repris son bâton de houx et reconnaît avec une joie sainte qu’il n’a plus de superflu. Le notaire de Damper-Coat a toujours un coin de voiture à nous offrir pour aller à Damper les jours de marché, et quand il le faut nous nous blottissons au fond de la carriole de toile du plus gros marchand de beurre de Damper-Coat. Mon oncle s’assied près du conducteur, sur le banc de bois qui se balance à l’avant, et je me glisse à l’arrière sur les sacs de blé, les bottes de foin et les mille paquets qui encombrent cette partie de l’étrange véhicule. Nous n’allons pas au galop, nous mettons deux heures à faire quatre lieues, mais nous sommes en fin de compte abrités et