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Page:Fleuriot - Mon sillon.djvu/255

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mon sillon.

tous ces regrets, toutes ces espérances, le nom de celle qui se croit aimée et qu’il a feint d’aimer n’a pas été prononcé une fois. Il s’est beaucoup attendri sur son désastre financier, sur ce que lui réserve l’avenir s’il manque l’affaire de son mariage, il n’a pas trouvé une parole d’attendrissement pour celle qui peut lui échapper par une révélation. Il lui faut soixante mille francs, c’est son idée fixe, le reste échappe à son attention. J’ai encore essayé de le ramener à des sentiments d’honneur, je lui ai parlé avec un calme et une amitié dont je ne me serais pas cru capable en ce moment où tout me portait au mépris. Il n’a pas cédé et il m’a lâchement supplié de laisser les choses. Me voyant rester inébranlable il a menacé, il s’est emporté. Sans m’émouvoir, je lui ai déclaré que le silence m’était impossible, qu’il m’était insupportable de me faire son dénonciateur, mais que dans huit jours s’il n’avait pas parlé je parlerais.

Et je suis parti sur cette déclaration catégorique, il était temps que nous nous séparassions. Nous maîtrisions avec peine les sentiments si divers qui nous agitaient et s’il n’avait pas encore l’insulte et la haine aux lèvres, il les avait dans les yeux.