Aller au contenu

Page:Fleuriot - Mon sillon.djvu/257

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

242
mon sillon.

apporté qu’une trop grande délicatesse, qu’une reconnaissance trop excessive. J’ai attendu huit jours, j’ai écrit à Charles, il n’y avait plus à attendre, j’ai parlé. M. Brastard m’a lancé pour toute réponse un merci sec accompagné d’un étrange regard et est entré dans son cabinet particulier.

Deux heures plus tard, je recevais un congé en bonne forme. Dans un billet laconique, M. Brastard me remercie ironiquement de l’intérêt que je porte au bonheur de sa fille et m’expulse de ses bureaux. Ce n’est pas à la légère, me dit-il, qu’il s’est choisi un gendre, et Charles Després pouvait se passer de cette trahison d’ami et de compatriote. Un billet foudroyant enfin. J’ai couru chez lui. Il venait de partir pour sa villa de Versailles avec Charles et ses filles. J’ai écrit, je n’ai reçu qu’une invitation à ne plus reparaître chez lui. Et je ne le reverrai probablement plus, car le mariage se fera à Versailles très-probablement. N’est-ce pas écrasant, ma chère Mélite ? Me voilà calomnié, conspué, et si Charles est assez adroit et assez heureux pour rétablir ses affaires, à tout jamais perdu dans l’estime de cet homme qui m’a fait tant de bien.