Aller au contenu

Page:Fleuriot - Mon sillon.djvu/263

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

248
mon sillon.

sombre. Les fleurs sont fanées, les rayons sont éteints, la vibration joyeuse se change en glas de mort. Le bonheur est mort, la foi est morte, l’ennui, un ennui implacable, le désespoir, un désespoir sans remède, restent seuls. L’ennui désole ma vie, dit-elle, l’ennuie me tue, tout s’épuise pour moi, tout s’en va !

Cette page enivrante, désolée, m’a fait mal. Qu’est-ce donc que la vie, si, à un moment donné l’âme pousse de pareils cris, éprouve de pareilles souffrances ? Il me semble que quelque chose tremble en moi depuis que j’ai entendu ces accents passionnés ils ont remué des fibres inconnues en mon être. Et comme ils ne s’harmonisent que trop avec ma disposition d’esprit, mon âme s’agite douloureusement et de véritables cris d’angoisse montent à mes lèvres. Plains-moi, ma chère sœur, et prie pour que je domine la tentation qui me presse de me dépouiller violemment de tout ce qui m’est un obstacle pour parvenir, et de m’élancer comme tant d’autres dans la vie, en foulant tout sous mes pieds.

Plains-moi, plains-moi.

Ton frère affectionné,
René.