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Page:Fleuriot - Mon sillon.djvu/272

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mon sillon.

Par la facilité de mon esprit, par la dispersion des forces de mon cœur, par la trop grande concentration de mon être en moi-même et en mes affections choisies. Il faut cependant, à tout prix, gravir cette montagne et pour cela se simplifier, se concentrer, embrasser la vie pratique du dévouement, du sacrifice, ne plus traîner la croix, la charger sur ses épaules et marcher comme un soldat, comme un ouvrier de Dieu. J’allai prier devant lui, à l’église. J’y retrouvai le silence d’autrefois, la paix d’autrefois. Ce n’était plus l’extase, mais c’était la paix dans la souffrance acceptée et comprise.

Et je m’aperçus que s’il n’y a pas de levier pour soulever le monde, il y en a un pour soulever l’ennui de la vie. Tout m’avait échappé, il me restait la foi, la foi vivante en un Dieu incarné mort sur la croix : c’était assez, j’avais enfin senti la véritable valeur de la vie. Dans le vide de mon cœur, dans la désolation profonde de mon âme, la foi grandit comme grandit dans le désert aride l’ombre du palmier solitaire qui offre, au voyageur épuisé, le rafraîchissement et la force ; comme grandit dans l’admirable firmament quand l’éclair a brillé et que le vent dis-