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bienveillants dont chacun se sentait animé pour elle, des siens en particulier, de ceux de sa famille. M. Després était à sa disposition, et, si elle avait besoin de conseil dans les affaires qui allaient suivre, il la priait de le regarder comme un second père.

À cette expression peut-être aussi imprudente qu’irréfléchie échappée du cœur de madame Després, Fanny tressaillit et voulut parler de sa reconnaissance. Elle balbutiait, elle hésitait, elle craignait d’en trop dire ; mais son visage ému, son regard éloquent, parlaient suffisamment pour elle. La vue de madame Després, les affectueuses inflexions de sa voix, sa physionomie empreinte d’une compassion tendre et vraie, avaient soulevé en son pauvre cœur une véritable tempête d’émotions. Si elle ne se fût retenue, si, en s’étudiant à comprimer en elle ce besoin d’épanchement si impérieux dans la jeunesse, elle n’eût acquis un grand empire sur elle-même, elle se fût en ce moment jetée avec bonheur dans les bras de cette douce femme qui, la première, apportait à l’orpheline abandonnée des paroles de consolation. Sa timidité ordinaire la paralysa, et aussi l’exquise délica-