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Page:Fleuriot - Mon sillon.djvu/91

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mon sillon.

— Mon père, dit Charles sans préambule, ma décision est irrévocablement prise : je ne succéderai pas à M. Doublet.

M. Després ne répondit rien. Il marcha vers le poirier sur la branche duquel il avait jeté son paletot, le revêtit, et, essuyant la sueur qui mouillait son visage :

— Je vais dire cela à mademoiselle Bourgeauville, dit-il laconiquement, et lui annoncer que, comme tu renonces à l’étude, elle peut la faire vendre.

— Mais, mon père…

— Mais quoi ?

— Il me semble que l’étude reste quand même ma propriété. La loi me la donne.

— La loi oui, mais la loyauté non. M. Doublet ne t’aurait pas fait cet avantage au détriment de sa pupille s’il avait vécu assez pour savoir que tu refuserais de l’épouser. Il nous a expliqué clairement ses intentions devant elle. Le legs n’était fait qu’en vue d’un mariage que dans son ignorance de tes véritables sentiments il regardait déjà comme accompli.

Charles était devenu sombre. Il trouvait que son père exagérait terriblement la délicatesse.