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104 LITTÉRATURE ORALE

On verse du cidre sur leur tombe et l'on boit à leur santé comme s'ils étaient présents.

— A ta santé, frérot ! — A votre santé , mon père, ma mère, mon oncle, mon cousin, etc.

On cause avec eux, on rit même, on plaisante. C'est un repas de famille dans lequel la tristesse et les pleurs ne sont pas admis. Les défunts sont tout simplement des absents. De dessous la terre, où ils reposent, ils sont supposés entendre les vivants et se réjouir avec eux.

Cet usage remonte évidemment au paganisme, à une époque où l'on admettait que ce qui suit la mort est purement et simplement la continuation de la vie qui la précède, car dans cette fête frater- nelle l'idée du purgatoire et de l'enfer est complè- tement absente.

Les Russes ont aussi conservé cet usage. Le jour de la fête du saint sous l'invocation duquel est placé tel ou tel cimetière, les parents et les amis de ceux qui y sont enterrés arrivent avec des samovars, des gâteaux et de l' eau-de-vie. On boit du thé jusqu'à ce que la provision soit épuisée, et de l'eau-de-vie autant qu'on a pu s'en procurer, de sorte qu'on revient généralement en titubant et en se querellant. Les Créançais fêtent moins com-