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LITTERATURE ORALE

grains, de chènevis surtout. C'est la petite hiron- delle, l'hirondelle au ventre blanc qu'on voit par- fois voltiger par troupes au soleil, en jouant et s'amusant, c'est le martinet, un oiseau de passage, celui-là.

— L'hirondelle de fenêtre ? Et qu'est-ce qu'on fait pour lui être agréable?

— Quand on récolte du chanvre, on lui laisse toujours un bel épi. C'est l'épi de l'oiseau Saint- Martin. C'est pour le récompenser de ce qu'il a fait autrefois. Q.uand saint Martin « marchait la terre», les cultivateurs allèrent se plaindre à lui qu'à l'époque de sa fête, pendant l'été delà Saint- Martin, tous les oiseaux se répandaient dans les champs, et ne leur laissaient pas de chènevis. Saint Martin enferma tous les oiseaux ; il ne laissa sortir que son oiseau favori, le martinet, en lui recommandant de ne pas toucher au chènevis, quoiqu'il soit très friand de cette graine. Il n'y toucha pas, et c'est pour le récompenser de son obéissance que chaque cultivateur lui réserve maintenant un bel épi.

— Est-ce que saint Martin a marché la terre chez nous? demanda un enfant.

— Il paraît que oui. C'est même dans notre