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DE LA BASSE-NORMANDIE I37

se sauvèrent bien \àte, heureuses d'être débar- rassées. Le prince, qui lisait ce sentiment sur les visages, refusa de choisir entre elles et les congédia toutes.

Cela ne faisait l'affaire ni du roi ni de la reine, puisque ainsi, leur fils courait risque de rester singe toute sa vie. Comme ils lui faisaient des remontrances, deux militaires amenèrent une jeune fille, une pâtoure, fort mal habillée, qui n'avait pas osé désobéir au roi en ne se montrant pas, mais s'était dissimulée derrière un arbre pour n'être pas aperçue. On la dénonçait comme s'étant sous- traite à l'ordre qui avait été donné à toutes les fiUes du pays.

Le prince la regarda ; il n'y avait dans ses yeux ni dégoût ni dédain. Il y avait de la modestie et de la sympathie. Son regard semblait dire : Je ne suis pas digne que le prince me choisisse, mais je le plains et je me sens toute disposée à l'aimer. Le prince lui donna la pomme d'orange.

Il fallut la décrasser d'abord. On lui fit prendre un bain, on lui donna une belle robe de' princesse, des coUiers, des chaînes d'or. Ses compagnes ne l'auraient pas reconnue ; mais elle avait toujours ce doux et bon regard qui avait séduit le prince