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172 LITTÉRATURE ORALE

— Vous me la donnerez si je vous la vole?

— Certainement. Mais je suis sûr que tu ne me la voleras pas.

— Nous verrons.

La jument est remise à la garde de trois hommes. Le premier monte dessus, le second tient la crinière, le troisième tient la queue. Celui qui est en selle est armé d'un fusil chargé.

Un individu, habillé en mendiant, l'air souffre- teux, s'approche du trio.

— Qu'est-ce que vous faites-là, braves gens?

— Nous gardons cette jument depuis ce matin. Il paraît qu'on doit venir nous la voler, mais nous n'avons encore vu venir personne,

— Il doit vous ennuyer là?

— Dame! ce n'est guère amusant. Si encore nous avions à boire!

— J'irai bien vous chercher du cidre au cabaret, leur dit le curieux, si vous voulez me donner de l'argent.

— Ce n'est pas de refus, brave homme.

On lui donne de l'argent et, quelque temps après, il revient du cabaret avec une provision de cidre. Il y avait mêlé des drogues assoupissantes, mais dans un des pots seulement. Ils lui offrirent