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pour loger une famille et dans les jai-Jins des fées il n'y a jamais rien.

— Les fées étaient en effet toutes petites, à ce que l'on disait, et il y avait parmi elles des hommes et des femmes. On ne voyait pas leur travail, elles travaillaient pourtant. Elles venaient parfois la nuit frapper aux portes. Elles ne prêchaient pas le patois comme nous, elles parlaient français comme à la ville. On les entendait crier :

Prêtez-nous vos timons,

Vos limons, Vos charrues comme il (i) iront.

Il fallait répondre : Oui, prenez ; autrement elles auraient trouvé moyen de vous faire du mal.

Quand on avait dit oui, elles allaient prendre la charrue à la charretterie et les chevaux à l'écurie, et elles labouraient leurs champs avec. Parfois aussi, elles se servaient des chevaux pour faire des courses. Alors, comme les fées sont des êtres très petits, elles montaient sur le cou et non sur la selle des chevaux et se faisaient des étriers de leurs crins, qu'on trouvait singulièrement emmêlés.

(i) 1, il sans s, est le nomin.uit' pluriel des deux genres.