IV
LA DEMOISELLE D’HÉAUVILLE, LES MILLORAINES
éauville se trouve au nord de Diélette, à
quelque distance de la côte. Voici ce
qu’on m’a raconté sur une demoiselle qui
se promène la nuit sur la lande de cette petite
commune. Les faits se seraient passés assez récemment.
Un forgeron d’Héauville revenait de Cherbourg avec une somme de charbon de terre ; une fois arrivé dans la lande, il vit tout-à-coup une belle demoiselle vêtue de blanc et plus grande que nature marcher devant lui. Il comprit bien vite à qui il avait affaire et ne s’effraya pas trop.
— Ah ! mademoiselle, lui dit-il, vous v’là belle assez. Vous avez de beaux souliers et une belle robe. Allez-vous vous marier ?
Il s’approcha pour toucher la robe. Mais la demoiselle, qui marchait à côté du cheval, fit un mouvement d’épaule et jeta la charge à terre.
— Mademoiselle, lui dit le forgeron, vous avez tort de vous fâcher, je ne vous veux pas de mal.