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DE LA BASSE-NORMANDIE

Il rechargea son charbon non sans peine. La demoiselle continua à accompagner le forgeron, mais en lui faisant insensiblement changer de chemin, et quand ils furent arrivés près d’une mare assez profonde, elle poussa brusquement le sac dans l’eau, espérant sans doute que son compagnon de route allait s’élancer après son sac et se noyer peut-être en le retirant. Mais le sac tomba au bord de l’eau, si bien que le forgeron put le recharger. Elle eut même la complaisance de lui aider ; après quoi elle disparut.

La demoiselle d’Héauville prenait différentes formes, comme on le verra dans le récit suivant que je tiens du même narrateur que le précédent[1].

« Mon arrière-grand-oncle avait une jument blanche avec laquelle il allait porter des sacs de blé au marché, car alors les chemins étaient si étroits qu’on n’aurait pu se servir de charrettes comme on fait à présent. Il s’arrêtait parfois à boire en chemin avec des amis, et comme sa jument était docile et intelligente, il la renvoyait toute seule à la maison. Elle s’appelait Blanche-

  1. Alexandre Polidor, à Gréville, hameau Fleury, 1881.