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Page:Fleury - Marivaux et le Marivaudage, 1881.djvu/340

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vous de nos conventions après le succès de cette aventure-ci, au moins.

LE CHEVALIER

Pouvez-vous vous méfier de moi ?

Il part.

LA RAMÉE, le rappelant.

Monsieur, Monsieur, un autre petit mot, s'il vous plaît.

LE CHEVALIER, revenant.

Que me veux-tu ?

LA RAMÉE

Vous oubliez un règlement pour moi.

LE CHEVALIER

Qu'appelles-tu un règlement ? tu nous parles comme à des fripons.

LA RAMÉE

Non pas, mais comme à des espiègles dont j'ai l'honneur d'être associé. Vous allez attaquer un cœur novice dont vous aurez le pillage ; vous serez les chefs de l'action : regardez-moi comme un soldat qui demande sa paye.

LE CHEVALIER

Assurément.

MADAME LÉPINE

Oui, il a raison. Allons, La Ramée, on récompensera bien tes services, je te le promets.

LA RAMÉE

Grand merci, mon capitaine. Et votre lieutenant, quelle est sa pensée un peu au net ?

LE CHEVALIER

Il y aura cinquante pistoles pour toi ; adieu.


Scène IV

MADAME LÉPINE, LA RAMÉE


LA RAMÉE

Madame Lépine, il s'agit ici d'une espèce de parti bleu honnête contre une cassette ; et par ma foi, cinquante pistoles, ce n'est pas assez. Si je désertais chez l'ennemi, ma désertion me vaudrait davantage.

MADAME LÉPINE

Déserter ! garde-t'en bien, La Ramée !

LA RAMÉE

Oh ! ne craignez rien : ce n'est qu'une petite réflexion dont je vous avise.

MADAME LÉPINE

Tu seras content du Chevalier et de moi ; je te le garantis : ton payement sera le premier levé.

LA RAMÉE

Tant mieux !

MADAME LÉPINE

Dis-moi : cette lettre qu'il m'a laissée, est-elle dans le goût que j'ai demandé ?

LA RAMÉE