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Page:Fleury - Marivaux et le Marivaudage, 1881.djvu/345

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blanc, faute d'être instruit de votre nom. Comment vous appelle-t-on, mes amours, afin que je l'écrive ?

CATHOS, saluant.

Il n'y a qu'à mettre Cathos, pour vous servir, si j'en suis capable.

LA RAMÉE, tirant un crayon.

Très capable ! extrêmement capable ! (Il écrit.) Madame Lépine, je vous demande pardon de la liberté que je prends devant vous, mais ce petit minois m'étourdit ; il est céleste, il m'égare ; il s'agit d'amour, et cela passe partout… N'est-ce pas Cathos que vous dites, charme de ma vie ?

CATHOS

Oui, Monsieur.

LA RAMÉE, écrivant.

Ce nom-là m'est familier ; je connais une des plus belles pies du monde qui s'appelle de même.

CATHOS

Oh ! mais je m'appelle aussi Charlotte.

LA RAMÉE, lui donnant sa lettre.

La pie n'a pas cet honneur-là, et tous vos noms sont des enchantements. Prenez, Charlotte (en lui présentant la lettre), prenez cette lettre, et souvenez-vous que c'est Charlot de la Ramée qui vous la présente, et qui brûle d'en avoir réponse. Adieu, bel œil ; adieu, figure triomphante, et adieu, bijou tout neuf !

MADAME LÉPINE

Je pense comme toi, La Ramée.

LA RAMÉE

Madame, votre approbation met le comble à son éloge. (Et puis à Cathos.) À propos ! j'oubliais votre main… donnez-moi, que je la baise.

CATHOS, retirant sa main.

Ma main ? eh mais, c'est de bonne heure.


Scène VI

MONSIEUR LORMEAU, les acteurs précédents.


LA RAMÉE, sans le voir, et à Cathos.

Hé bien, je vous fais crédit jusqu'à tantôt.

MONSIEUR LORMEAU, qui a entendu.

Qu'est-ce que c'est que cet homme-là, Cathos ? '(Et à La Ramée.) À qui donc parlez-vous de faire crédit ici ?

LA RAMÉE, en s'en allant.

À la merveilleuse Cathos, suivante de Madame la Marquise, Monsieur.

Il part.

MONSIEUR LORMEAU

Ce drôle-là a l'air d'un fripon ; Madame Lépine, que signifie ce crédit et cette Marquise ?