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Page:Fleury - Marivaux et le Marivaudage, 1881.djvu/346

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CATHOS

Bon, du crédit ! c'est qu'il raille ; c'est ma main qu'il voulait baiser, et qu'il ne baisera que tantôt.

MONSIEUR LORMEAU

Qu'il ne baisera que tantôt, qu'est-ce que cela signifie ?

CATHOS

Oui, l'affaire est remise. À l’égard du garçon, c'est l'homme de chambre d'un jeune chevalier de nos amis ; et la Marquise, c'est Madame : voilà tout.

MONSIEUR LORMEAU

Quelle Madame ? ma parente ?

CATHOS

Elle-même.

MONSIEUR LORMEAU

Eh ! depuis quand est-elle marquise ? de quelle promotion l'est-elle ?

CATHOS

D'avant-hier matin : cela se conclut une heure après son dîner.

MONSIEUR LORMEAU, à Madame Lépine.

Madame, ne m'apprendrez-vous pas ce que c'est que ce marquisat ?

MADAME LÉPINE

Madame La Thibaudière m'a dit qu'elle avait une terre qui portait ce titre, et elle l'a pris elle-même, ce qui est assez d'usage.

CATHOS

Pardi, on se sert de ce qu'on a.

MONSIEUR LORMEAU

Elle n'y songe pas. Est-elle folle ? Je ne l'appellerai jamais que Madame Riquet ; c'est son nom, et non pas La Thibaudière.

CATHOS

Bon ! Madame Riquet, pendant qu'on a un château de qualité !

MONSIEUR LORMEAU

Fort bien ! en voilà une à qui la tête a tourné aussi. Madame Lépine, voulez-vous que je vous dise ? je crois que vous me gâtez la maîtresse et la servante.

MADAME LÉPINE

Je les gâte, Monsieur ? je les gâte ?… Vous ne mesurez pas vos discours ; et ces termes-là ne conviennent pas à une femme comme moi.

CATHOS

Madame sait les belles compagnies sur le bout de son doigt ; elle nous apprend toutes les pratiques galantes, et la coutume des marquises, comtesses et duchesses : voyez si cela peut gâter le monde.

MONSIEUR LORMEAU

Vous êtes en de bonnes mains à ce qui me semble, et vous me paraissez déjà fort avancée. Au surplus, Madame Riquet est sa maîtresse. Où est-elle ? peut-on la voir ? n'y aura-t-il point quelque coutume galante qui m'en empêche ?

CATHOS

Tenez, la voilà qui vient.