Aller au contenu

Page:Fleury - Marivaux et le Marivaudage, 1881.djvu/352

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

l'attends ; le joli mot ! je l'attends ! de sorte que je n'aurai pas la peine de lui dire : venez. Que cette tournure-là met une femme à son aise !

CATHOS

Elle trouve tout fait : il n'y a plus qu'à aller.

MADAME LÉPINE

Point de sot respect.

MADAME LA THIBAUDIÈRE

Sinon qu'à la fin, de peur qu'il ne gêne le corps de la lettre… mais je pense que quelqu'un vient. Madame Lépine, puisque ce billet-là m'est si honorable, il n'est pas nécessaire que je le cache.

MADAME LÉPINE

Gardez-vous en bien ! qu'on le voie si on veut ; la discrétion là-dessus serait d'une platitude ignoble.


Scène IX

Les acteurs précédents, MONSIEUR LORMEAU, MONSIEUR DERVAL


MONSIEUR LORMEAU

Madame, voici Monsieur Derval que je vous présente. On ne peut rien ajouter à l'empressement qu'il avait de vous voir.

MONSIEUR DERVAL

Je sens bien que j'en aurai encore davantage.

MADAME LA THIBAUDIÈRE

Vous êtes bien galant, Monsieur… Des sièges à ces Messieurs.

MONSIEUR DERVAL

Mais, Madame, ne prenons-nous pas mal notre temps ? je vois que vous tenez une lettre, qui demande peut-être une réponse prompte.

MADAME LA THIBAUDIÈRE

J'avoue que j'allais écrire.

MONSIEUR DERVAL

Nous ne voulons point vous gêner, Madame. (À Monsieur Lormeau.) Sortons, Monsieur ; nous reviendrons.

MONSIEUR LORMEAU

S'il s'agit de répondre à des nouvelles de province, le courrier ne part que demain.

MADAME LA THIBAUDIÈRE

Non, c'est un billet doux, que je viens de recevoir, mais qui est extrêmement léger et joli ; et Monsieur, qui est de Paris, sait bien qu'il faut y répondre.

MONSIEUR LORMEAU

Un billet doux, Madame ! vous plaisantez ; vous ne vous en vanteriez pas.

MADAME LA THIBAUDIÈRE, riant.

Hé, hé, hé… vous voilà donc bien