Aller au contenu

Page:Fleury - Marivaux et le Marivaudage, 1881.djvu/372

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

inuant.

Et que faites-vous de ce portefeuille ?

MADAME LA THIBAUDIÈRE

Voilà qui va être fait. Pardonnez, Mesdames ; j'arrange pour dix mille écus de billets que cette dame si désespérée voulait fournir à Monsieur le Chevalier pour achever de payer un régiment qu'il achète. Il me donne la préférence sur elle, et je la paie assez cher !

MONSIEUR DERVAL, montrant le Chevalier.

Qui ? Monsieur ? lui, un régiment ? lui, chevalier ?

MADAME LA THIBAUDIÈRE

Lui-même… Le connaissez-vous ?

MONSIEUR DERVAL

Si je le connais ? c'est le fils de mon procureur.

MADAME LA THIBAUDIÈRE

De votre procureur ? Ha !… je suis jouée.

Tout s'enfuit, l'Inconnue, Madame Lépine, la suivante Marton, et La Ramée, que Cathos arrête.

CATHOS

Doucement ! arrête là.

LA RAMÉE

Tiens, reprends ta bague : je n'ai pas reçu d'autre acompte.

LE CHEVALIER, en s'en allant.

Le prend-on sur ce ton-là ?… je ne m'en soucie guère.

MONSIEUR LORMEAU, à La Ramée que Cathos retient toujours.

Fripons que vous êtes !

LA RAMÉE

Non, Monsieur, nous ne sommes que des fourbes ; je vous le jure !

MONSIEUR DERVAL

Et pourquoi tirer dix mille écus de Madame ?

LA RAMÉE

Pour la mettre en vogue ; pour lui donner de belles manières.

UNE DES DAMES, souriant.

L'aventure est curieuse.

LA RAMÉE

Oh ! tout à fait jolie. C'est dommage qu'elle ait manqué. La réputation de Madame y perd.

CATHOS

Quels misérables avec leur réputation !

MONSIEUR LORMEAU

Renvoyons ce maraud-là, et qu'il ne soit plus parlé de cette malheureuse affaire.

La Ramée s'enfuit.

MADAME LA THIBAUDIÈRE, à Monsieur Derval.

Soyez vous-même notre arbitre dans les discussions que nous avons ensemble, Monsieur… Adieu, je vais me cacher dans le fond de ma province !