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MONOGRAPHIE DE L’ANARCHISTE

conclue entre salariés et patrons, notre homme, signalé de nouveau, reverra sur les confins des faubourgs s’ouvrir encore devant lui la grande route enfoncée dans l’horizon, avec ses bois, ses plaines, ses verdures, ses chants d’oiseaux, sa rosée et son azur. Il réunira en une assemblée suprême ses compagnons d’hier et leur expliquera tranquillement qu’ils sont des lâches et des idiots, qu’il y a encore en eux de l’enfant de chœur et de l’esclave, qu’ils pouvaient réussir s’ils l’avaient voulu, s’ils avaient osé, parce qu’ils sont le nombre, parce qu’ils sont la force. Puis il reprendra son petit baluchon, rehaussera d’un pli le bas de sa culotte, ceindra sa courroie, et gagnera le « trimard » avec quelques sous en poche, vers Saint-Nazaire ou Brest, vers Rennes ou vers Cherbourg, vers la cité quelconque où il compte gagner du pain et convertir des hommes.

En route, il obtiendra d’être hébergé dans les fermes et fera de la propagande parmi les paysans.

Ce fanatisme infatigable le conduira à travers la Normandie vers les régions du Nord. Il sera expulsé des filatures de Rouen, des verreries de Douai, des mines d’Anzin, des forges de Fives. De là il passera en Belgique, toujours «à pattes» et sur le «trimard», visitera Bruxelles dont les merveilleuses organisations ouvrières de Brasseur et de Jean Volders lui feront hausser les épaules, — des blagues, tout ça ! du socialisme autoritaire ! — Anvers qui le retiendra huit jours, un peu épaté devant la machine, Liège et Seraing qui le garderont un mois, le Borinage qu’il