Page:Flor O’Squarr - Les Coulisses de l’anarchie.djvu/273

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— L’ouvrier des villes, l’ouvrier de Paris surtout est pourri jusqu’aux moëlles. Il a trop fait de politique, il y a gâté son intelligence. Celui que nous comptons soulever au grand jour de la lutte, c’est l’ouvrier des campagnes, le laboureur, l’homme qui produit. Ceux-là ont des cerveaux vierges. C’est avec eux qu’on fait les Jacqueries.

On peut se demander ce que serait une jacquerie contemporaine après le morcellement continu de la propriété. L’anarchiste vous la promettra plus horrible, plus sauvage que les anciennes, et c’est pour la préparer qu’il s’adresse dès aujourd’hui au jeune campagnard.

Voici un échantillon de ces appels. L’affiche ci-dessous, imprimée à Nîmes, signée par les anarchistes Paul Richard et Laugoin, a été placardée dans douze villages du département du Gard au printemps de 1890 :

AUX CONSCRITS

Vous allez tirer au sort ; déjà même vous songez aux noces qui accompagnent l’acte qui consiste à tirer de l’urne un numéro, et cela aussi bêtement que lorsqu’un électeur y met un bulletin. Avez-vous songé à ce que vous faites ? Connaissez-vous les conséquences de cette action ?

Pendant que vous chanterez on pleurera chez vous. Votre mère à qui vous avez coûté tant de soins et de larmes, votre mère fière de vous, ne pourra certainement que haïr cette tigresse de patrie qui ne vit que de carnages et n’en appelle à ses prétendus fils que pour les envoyer s’entretuer et pourrir dans de lointains climats.