Page:Flor O’Squarr - Les Coulisses de l’anarchie.djvu/274

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La patrie ! division arbitraire qui parque l’humanité de façon à permettre aux tripoteurs politiques et financiers de lancer, dès que leur égoïsme l’exige, peuples contre peuples. Qu’importent les cadavres qui jonchent le sol ; plus nous verrons du sang, plus belle pour eux sera la récolte. La rosée rouge n’est-elle pas la plus fructueuse pour eux.

La patrie ! elle est jolie pour nous qui n’avons ni sou ni maille, qui sommes exploités journellement par ceux qui ont plein leur bouche de ce mot de patrie, surtout lorsque nous sommes appelés à défendre précisément nos instruments de torture.

Les possesseurs et les gouvernants ont besoin non-seulement de chair à machine qui leur permette d’emplir leurs coffres, mais encore de chair à canon pour défendre leur propriété si bien acquise ; et alors, donnant un fusil aux fils, ils leur disent qu’il faut tirer non-seulement sur leurs frères de misère qui habitent hors frontière, mais encore sur leurs pères et leurs frères le jour, où, revendiquant leurs droits, ils diraient à l’exploiteur sans entrailles et au gouvernement féroce : « Assez de misère, assez d’esclavage, il y a place pour tous au banquet de la vie et nous exigeons la nôtre coûte que coûte. C’est alors que ces compatriotes, ces défenseurs de la famille, voyant leurs privilèges chanceler, ne reculent pas, comme l’a fait le sinistre vieillard en 1871, à fusiller 35.000 travailleurs, ou encore comme ils le font dans toutes les grèves ![1]. »

Si vous chantez sachant cela, vous serez dignes des chefs qui, l’insulte aux lèvres et le sabre au poing, vous commanderont.

  1. Un mot sur ce chiffre de trente-cinq mille morts dont parlent à tout venant les révolutionnaires. En réalité, le nombre des fédérés tués dans Paris sur les barricades ou fusillés immédiatement après la lutte, pendant la semaine de mai, est juste de 6667. C’est déjà énorme ! Pourquoi le grossir ?