Page:Flor O’Squarr - Les Coulisses de l’anarchie.djvu/280

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presque insinuante. Au surplus ses auteurs ne se cachent point. Des manifestes anti militaires ont été distribués ouvertement sur la voie publique, jetés par poignées sous les pas des apprentis et des collégiens. Bien plus, les antipatriotes ont convié le peuple à des conférences publiques, à des débats contradictoires, ainsi qu’il résulte d’un appel qui se termine ainsi :

Camarades !

Nous nous adressons à votre loyauté pour venir discuter avec nous sur ce sujet : la patrie. Présentez-vous donc librement dans nos sections et principalement dans nos réunions générales qui ont lieu le premier dimanche de chaque mois, à 2 heures et demie, salle Droz, 96, rue Richelieu.

Inquiétée un moment par la police qui fit arracher ses placards à la barrière du Combat et livra ses afficheurs à la police correctionnelle, la Ligue des antipatriotes plonge dans l’obscur. Elle se cache, mais sans se reposer. Les manifestes, naguère confiés à des imprimeries quelconques, seront désormais imprimés clandestinement. Dans quels ateliers cachés ? Dans quelles caves ? Par quels ouvriers ? Avec quel matériel ? Nous l’ignorons. Le certain, c’est qu’à partir du moment où il lui fallut disparaître, renoncer aux conférences, son papier et son caractère deviennent presque luxueux. Le format s’agrandit ; le texte est mieux interligné, plus lisible. La rédaction est plus correcte, presque littéraire et donne le soupçon d’une collaboration non ouvrière. Il n’y a