Page:Flor O’Squarr - Les Coulisses de l’anarchie.djvu/281

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plus de nom d’imprimeur responsable au bas des feuilles volantes, mais seulement la mention : Imprimerie de la Ligue des antipatriotes — qui n’a jamais eu d’ateliers avoués. Besogne occulte exécutée par un compagnon malin dans l’atelier, avec les matériaux et sous le nez d’un patron jobard.

Rappelons-le : l’antipatriote s’adresse à ceux-là seulement qui n’ont pas encore servi. Il y a là deux mouvements, deux propagandes distinctes : la première menaçant l’idée de patrie, la seconde visant l’accomplissement du devoir militaire et s’infiltrant dans la caserne. Cependant la Ligue prévoit que le conscrit n’aura pas le courage de manquer à l’appel, qu’il reculera devant les aventures de la fuite et de l’exil. Alors que deviendra-t-il, une fois enrégimenté, dans la mêlée qui l’armera contre le populaire ? Pourra-t-il déserter ? Peut-être. Mais s’il ne l’a pu ?

Écoutons les conseils que lui donne l’antipatriote :

Le peuple se trouvera face à face avec l’armée. Les dirigeants, les maîtres, auront-ils en vous des aides-bourreaux ; réussiront-ils à faire de vous qui n’avez rien les défenseurs de leurs propriétés ? Non ! mille fois non ! Ce serait vous faire injure de vous croire capable d’une telle lâcheté ! Vous souffrez de l’exploitation de l’homme par l’homme sous la forme militaire comme sous la forme patronale : la guerre va s’engager pour sa suppression. Heureux ceux qui pourront déserter pour échapper aux tortures à subir et aux crimes à commettre : leur conscience sera tranquille. Mais si, n’ayant les moyens de fuir, vous endossez la tunique de soldat, si on vous oblige à marcher sur le peuple, souvenez-vous que vous faites