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france, et n’aient pas brisé leurs armes sur la tête des monstres qui leur commandaient de pareilles infamies.

Soldats !

Rappelez-vous qu’avant d’être sous les drapeaux, vous étiez des prolétaires et que demain, votre temps fini, vous serez encore des esclaves luttant pour l’existence. Les canailles qui forcent vos pères et vos frères à mourir de faim, vos sœurs à se prostituer pour vivre, vous font payer la dette du sang pour défendre la propriété qu’ils ont lâchement volée à l’humanité. N’écoutez plus vos chefs, foulez sous vos pieds leurs faces bouffies d’absinthe et dites-vous : Non, mille fois non ! l’ennemi n’est pas dans celui qui travaille, à quelque nation qu’il appartienne, mais dans le parasite qui ne vit que d’oisiveté. La Patrie n’est qu’une affreuse blague. Les frontières ne doivent pas exister pour les meurt-de-faim, car elles ont une origine infâme et ne peuvent être soutenues que par une classe de misérables qui, pour eux seuls, se sont appropriés le sol, l’outillage, les instruments de travail et tout ce qui constitue la richesse sociale. Nous n’avons pas à défendre pour le compte des autres ce qui nous a été lâchement volé, mais à le reprendre d’un commun accord entre tous les travailleurs par tous les moyens dont nous pourrons disposer.

Il ne peut donc subsister aucun doute : l’anarchie ne se borne point à prôner la suppression des armées permanentes, — idée purement démocratique partagée par l’immense majorité des républicains français. Elle ne se borne point à souhaiter la disparition de la guerre, noble pensée qu’épouseront tous les hommes de cœur. Elle excite à l’assassinat, à l’insoumission, à la révolte dans les rangs de l’armée.