Page:Flor O’Squarr - Les Coulisses de l’anarchie.djvu/284

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Jusqu’à présent, le lecteur a connu seulement le langage des théoriciens. Toutes les citations données plus haut ont été prises dans les écrits des modérés. C’est à la lettre.

Et c’est toujours le même phénomène de transformation, de déformation mentale qui vicie les idées dès qu’elles passent au travers des cervelles ignorantes ! Un rêveur, un être profondément humain, généreux et doux, un de ces hommes qui songent au passé avec des tendresses filiales et à l’avenir avec des pitiés paternelles, un de ces hommes qui tiennent de saint Vincent de Paul par le cœur, murmure un jour : — « La guerre est horrible, il serait bon de supprimer la guerre. » Le logicien l’a entendu et il ajoute : — « Pour supprimer la guerre il faut commencer par supprimer les armées permanentes. » Vient ensuite le théoricien, l’homme qui se grise de sa propre parole et s’exalte en regardant courir sa plume sur son papier ; celui-là acquiesce, mais il ajoute : — « Pour supprimer les armées permanentes, il est urgent que le conscrit se refuse et que le soldat se révolte. » Arrive enfin le socialiste hystérique, l’anarchiste complet — comme on a dit de Ravachol — l’homme de l’action isolée et de la propagande par le fait. Celui-ci n’y va pas par tant de chemins ; il conclut : — « Il faut que le soldat assomme son chef et mette le feu partout ! »

De même qu’il existe un Indicateur anarchiste pour enseigner aux révoltés la manipulation et l’emploi des explosifs, de même il s’est trouvé un anar-