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à Londres. À l’entendre il avait quitté le régiment à cause d’un capitaine dont la femme s’était prise de passion pour lui. Un soir, en revenant de chez Henri Rochefort, je le rencontrai, entre Regent’s-Park et Portland-Station, au bras de Lucien Weil. Le lendemain, il m’avouait la vérité. Il avait ouvert sa confiance crédule aux brochures anarchistes et il se trouvait maintenant à Londres, sans connaître un mot de la langue anglaise, crevant de faim.

Il est rentré, malgré la contumace. Beaucoup rentrent. D’ailleurs ce chiffre de trois cent soixante-deux déserteurs par an n’est point pour inquiéter l’armée ni la patrie qu’elle défend. Même aux heures funèbres de la répression le soldat se retrouve. Les bourgeois peuvent compter sur lui pendant longtemps encore. Il les défendra pour un sou par jour.

Les anarchistes se vantaient depuis un an ou deux d’avoir conquis l’armée. Ils l’assuraient à leurs lecteurs. Ils criaient : — « Marchez ! La troupe lèvera la crosse en l’air comme au dix-huit mars ! »

Le coup de foudre de Fourmies a désillusionné les masses. Elles savent maintenant qu’un frère en culotte rouge, armé d’un fusil, cesse momentanément d’être un frère. Soit. Les malins de l’anarchie ont expliqué cela par l’influence des milieux. Parbleu !

Tout ce que la société bourgeoise a touché a été absorbé par elle. Quand elle met la main sur six cent mille citoyens, ces six cent mille citoyens lui appartiennent corps et âme, tête et sang pendant tout le temps qu’elle les habillera, les galonnera et