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LES COULISSES DE L’ANARCHIE

d’affreuses canailles ; — par exemple ce Jules Morel, le cadet des frères Morel — condamnés tous deux à Paris maintes fois pour chantage et escroqueries, devenu anarchiste et accueilli comme tel par les compagnons de Londres. Cependant, pour parler exactement, la proportion des gredins n’est pas plus forte dans ce parti-là que dans beaucoup d’autres. Car il est difficile — ainsi que nous essaierons de l’expliquer plus loin — de considérer comme des bandits, au sens formel et hideux du mot, des personnages comme Pini à qui certainement les historiens de notre étrange époque et les compilateurs de causes célèbres devront assigner une place en dehors du vulgum pecus des malfaiteurs ordinaires.

Par exemple, si beaucoup sont honnêtes, presque tous sont « estampeurs ».

L’estampeur est un type nouveau créé par l’anarchiste. Ce n’est pas le filou, ce n’est pas davantage le « chapardeur » militaire qui vous pillent ou vous dévalisent avec une brutalité de mauvais goût. Ce n’est pas non plus l’escroc, celui qui userait d’une promesse fallacieuse ou d’un crédit chimérique pour s’attribuer une partie de votre bien. Non, L’estampeur ne forcera pas votre tiroir, n’adoptera pas des pièces oubliées sur votre cheminée, n’imitera pas votre signature au bas d’une lettre de change. Il est simplement — pour employer une expression que tout le monde comprendra — un « poseur de lapins » d’un genre spécial.

Sous ce rapport il n’a rien inventé, l’art de « poser