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MONOGRAPHIE DE L’ANARCHISTE

des lapins » remontant à la plus haute antiquité. Il en est même fait mention dans l’Ancien Testament, mais à cette époque on « posait » des chevreaux. «Et il la renvoya après l’avoir rendue mère, en lui donnant un chevreau». (La Sainte Bible.Ruth et Booz.) L’anarchiste a cependant compliqué cet art consacré par l’usage et par la tradition. Il pratique en réalité une sorte d’abus de confiance, mais avec quelle grâce, quelle légèreté, quelle délicatesse de doigté ! D’une pierre il fait deux coups : en même temps qu’il emplit sa bourse il vous emploie, vous bourgeois, à épouvanter le bourgeois, et il vous quitte, nanti de votre argent, en laissant derrière lui une impression de terreur qui vous fouette le sang, une odeur de soufre dont vous vous saoulez les narines.

C’est exquis.

L’estampeur a surtout brillé en mars, avril, mai et juin, alors que l’anarchie, s’affirmant soudainement à coups de tonnerre, surprenait la presse sans expérience et sans renseignements. Il y eut comme une épidémie de crédulité dans les journaux, d’affolement aussi. Seuls deux maîtres journalistes conservèrent tout leur sang-froid devant la dynamite ; M. Francis Magnard, du Figaro, et M. Arthur Ranc, du Paris. Ce qui n’empêcha point qu’ils furent estampés. Et comment s’en défendre ?

L’estampeur se présentait inopinément dans les bureaux d’un journal ou au domicile d’un publiciste connu. Il avait couru très fort pour arriver à