Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, I.djvu/116

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en lui faisant croire que tout ce qui était à moi lui appartenait aussi. Ensuite je lui fais faire la cuisine et l’oblige à goûter, devant moi, ce qu’elle me sert avant d’en manger. Je trouve dans cette précaution une très grande sécurité. J’ai trois enfants de cette fille elle les aime beaucoup.

— Alors, vous ne pouvez plus songer à retourner en France, car vous voilà attaché dans ce pays.

— Pourquoi donc ? serait-ce à cause de cette femme ? Oh ! cela ne m’inquiète pas. Dès que j’aurai réalisé ma petite fortune, j’amènerai cette négresse ici un jour que la mer sera très agitée je lui dirai : Je retourne dans mon pays ; veux-tu me suivre ?… Comme toutes ces femmes ont grand’peur de la mer, je suis sûr qu’elle me refusera ; alors je lui dirai : Ma chère amie, tu vois que je fais mon devoir ; je te propose de t’emmener : tu refuses d’obéir à ton mari, je suis trop bon pour t’y contraindre par la force, je te souhaite toutes sortes de bonheurs, et je m’en vais.

— Et que deviendra cette pauvre femme ?…

— Oh ! ne craignez rien ; elle ne sera pas à plaindre : elle vendra ses enfants dont elle aura