Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, I.djvu/125

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vait offert l’odieux tableau. Je priai M. David de me ramener.

Avant de quitter son bord, M. Briet pria le capitaine Brandisco de faire venir tout son monde sur le pont, afin que je visse de quels hommes se composait son équipage. Il avait huit nègres, tous grands, forts, et qui, d’un seul coup de poing, auraient assommé leur maitre. En nous éloignant de cette chétive barque, je dis à M. David

— Ce que je ne peux m’expliquer dans cet homme, c’est ce mélange de hardiesse et de bassesse. Savez-vous qu’il lui faut du courage pour vivre à bord avec huit nègres qu’il maltraite et qui pourraient bien, si la vengeance les y portait, lui tordre le cou et le jeter à la mer.

— Oui, sans doute, il lui faut un certain courage : je conviens qu’à sa place je ne dormirais pas tranquille ; mais la cupidité est un moteur si puissant, que les hommes exposent, journellement, leur vie dans l’espoir d’acquérir de l’or.

La Praya contient environ quatre mille habitants dans la saison des pluies ; pendant juin, juillet et août, cette population diminue, à cause de l’insalubrité du climat.