Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, I.djvu/160

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déterminer, me font pressentir combien cette connaissance à acquérir est douloureuse pour le cœur. Mon Dieu ! que la vie doit paraître sèche et insipide aux êtres qui sont arrivés au point de considérer toutes les affections de l’ame comme autant d’illusions !

— Elle le serait en effet, si notre globe n’avait que des hommes pour habitants ; mais il est aussi peuplé d’animaux de toute espèce, couvert d’une immense variété de plantes, et recèle de brillants métaux dans ses entrailles, tandis que les mers dont la terre est entourée, le ciel nuageux ou scintillant d’étoiles offrent encore à notre admiration de plus imposants spectacles. Avec une intelligence comme celle que vous possédez, quel besoin avez-vous de l’affection des hommes pour occuper votre pensée ? Vous aimez à dessiner le paysage ; eh bien ! vous trouverez, dans la satisfaction de ce goût, une source inépuisable de jouissances. Vous animerez vos tableaux en y mettant des animaux que vous choisirez parmi ceux dont vous aurez observé les instincts, et vous aurez ainsi l’occasion de représenter des qualités que vous chercheriez en vain chez les hommes, mais dont les animaux vous offriront des modèles. Vous pourrez en-