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Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, I.djvu/196

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battu. Chabrié, par ses fougueuses sorties, Briet, par l’âcre vérité de ses observations, terrassaient M. de la Cabusière, et triomphaient de ses mots à effet, de son latin et de tout l’appareil de ses phrases pédantes ou sophistiques. Quand il se voyait dans une position désespérée, il changeait, avec une admirable dextérité, le cours des idées de ses deux interlocuteurs. Il amenait Briet sur ses voyages et Chabrié sur Lorient. Briet était le seul qui pût parler de la Chine ; il avait séjourné quelque temps dans cet immense empire et comme personne autre à bord n’y était allé, il n’avait pas de contradicteurs ; on l’écoutait, et l’irritation se calmait. La conversation sur Lorient était plus orageuse. M. Chabrié avait le défaut d’être un homme de localité. Sa vie de voyages n’avait en rien diminué son amour exclusif pour sa ville natale ; à ses yeux, rien n’était bon et bien qu’à Lorient : il citait son Lorient à tout propos.

— Vous allez nous prouver, disait M. David, que Lorient vaut mieux que Paris, n’est-ce pas ?

— Oui, je vous le prouverai ! D’abord on y mange mieux, ensuite les femmes y sont plus jolies ; elles dansent avec plus de grâce ; enfin ce n’est qu’à Lorient que je chante réellement