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Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, I.djvu/222

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rait l’être chez soi. Le prix est de 10 francs par jour pour le logement et deux repas ; mais on peut demander tout ce que l’on veut, madame Aubrit est toujours disposée à le fournir sans exiger de prix additionnel.

Madame Aubrit avait été la passagère de M. Chabrié ; elle lui devait tout ; c’était à l’aide de ses moyens, de son appui, de ses recommandations qu’elle avait pu former son établissement à Valparaiso. Elle avait prospéré, et cette excellente femme ressentait pour M. Chabrié la plus vive reconnaissance. Ce fut peut-être la cause à laquelle je dus d’être aussi bien dans sa maison, M. Chabrié m’ayant recommandée à elle d’une manière toute spéciale.

Madame Aubrit est aussi une des victimes du mariage. Mariée, à seize ans, avec un vieux militaire dont le caractère et les mœurs lui étaient antipathiques, l’infortunée jeune femme eut beaucoup à souffrir. À la fin, ne pouvant plus endurer cet enfer, elle y échappa par la fuite. Alors, d’autres maux tombèrent sur sa tête. Madame Aubrit, en quittant son mari, resta sans moyens d’existence. Elle voulut gagner sa vie, mais que faire ? Pour les femmes, toutes les portes ne sont-elles pas fermées ?