Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, I.djvu/227

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pire. David aussi me plaisait davantage et la vue de madame Aubrit, en rendant présente à ma pensée l’histoire de ses souffrances, dont elle me contait sans cesse de nouveaux détails, ranimait en moi l’effroi que me causait la perspective de l’isolement. D’ailleurs, j’avais la santé affaiblie par de longues souffrances, le moral abattu par la dernière perte que je venais de faire, par suite de laquelle je m’attendais à de nouveaux malheurs dans ma famille. La réunion de toutes ces circonstances, trop forte pour moi, me faisait sentir un besoin impérieux d’affection et de repos. Par moments, j’étais prête à me jeter au cou de Chabrié, à lui avouer tout ce que je souffrais, à lui demander aide et protection, me sentant incapable de résister plus longtemps. Mais la crainte de lui causer du chagrin venait m’arrêter ; sa conduite envers moi pendant tout le voyage, ses cinq mois d’amour et de complaisance m’inspiraient tant de reconnaissance, que je n’avais pas le courage de lui faire de la peine. Je ne sais ce qui serait arrivé et si j’aurais eu la force d’obéir à mon devoir, sans l’occurrence providentielle qui me fit prendre une détermination.

M. David venait tous les soirs chez moi : ma