Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, I.djvu/23

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

trouvé en situation de recueillir des observations, et ces mémoires feront connaître les hommes sans acception de rangs, tels que l’époque et le pays les présentent.

S’il ne s’agissait que de rapporter des faits, les yeux suffiraient pour les voir ; mais, pour apprécier l’intelligence et les passions de l’homme, l’instruction n’est pas seule nécessaire, il faut encore avoir souffert et beaucoup souffert ; car il n’y a que l’infortune qui puisse nous apprendre à connaître au juste ce que nous valons et ce que valent les autres. Il faut, de plus, avoir beaucoup vu, afin que, dépouillés de tout préjugé, nous considérions l’humanité d’un autre point de vue que de notre clocher : il faut enfin avoir dans le cœur la foi du martyr. Si l’expression de la pensée est arrêtée par égard pour l’opinion d’autrui ; si la voix de la conscience est étouffée par la crainte de se faire des ennemis ou par d’autres