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Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, I.djvu/22

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la valeur d’un individu n’est pas dans l’importance des fonctions dont il est pourvu, le rang qu’il occupe, les richesses qu’il possède. Sa valeur, aux yeux de Dieu, est proportionnée à son degré d’utilité dans ses rapports avec l’espèce entière, et c’est à cette échelle que désormais la morale devra mesurer l’éloge ou le blâme. Du temps du duc de Saint-Simon, on était encore bien loin de connaître cette mesure des actions humaines. C’est l’homme qui a lutté contre l’adversité, qui, dans l’infortune, s’est trouvé aux prises avec la puissance de rang ou de richesse, dont les mémoires, si une croyance religieuse le mettait au dessus de toute crainte, feraient connaître les hommes tels qu’ils sont, et les apprécieraient d’après leur valeur réelle. Celui qui voit dans tout être humain son semblable, qui souffre de ses peines et jouit de ses joies, celui-là doit écrire des mémoires, lorsqu’il s’est